Chaînes discursives et formes mémorielles

La discursivité va lever l’obstacle des supports de savoirs. Ecrits, icônes, idéogrammes, image fixe ou mouvement, de toutes provenances, seront dans une approche sémiologique ou sémiotique au sens large. Il ne s’agira cependant pas d’adopter une posture post-moderne en mettant tout sur le même plan. Déjà en soi, le support fait sens. De fait, le document écrit se trouvera au centre des analyses permettant ainsi l’approche linguistique. Les savoirs seront ainsi localisés, et leur construction, matérialisée, objectivée, inscrite dans une circulation sociale, dans une approche dynamique et un cadre spatial et social1. Mais l’essentiel intégrera sans doute un questionnement du type transmoderne2. Les formes mémorielles seront dans cette présence nécessaire du passé dans la même perspective analytique permettant la prise en compte et le dépassement3. Dans certains cas comme les mobilités, certains défis actuels (migrations politiques et climatiques de masse et leurs conséquences) pourront nourrir le débat social, la divulgation, la visibilité de la recherche. La notion de « branchement » (voir plus loin) ouvrira sur les « métissages ».

Au sein de l’équipe, les travaux passés ont mis en évidence des rencontres et des voisinages. Avec « cartographie culturelle, lieux de savoirs et de pouvoirs », l’accent sera mis sur l’obtention de produits de la représentation (Gilles Palsky) de l’imaginaire ou du réel. L’étude des émergences de formes diverses de la culture lettrée sera l’occasion de situer dans l’espace ibérique et ibéro-américain les figures des personnages chargés de l’écrire, clergé séculier et régulier, « philosophes », « ilustrados », libérateurs, « caudillos », « arbitristas », desterrados, entrepreneurs, militaires, voyageurs, émigrés, exilés, etc. Chaque fois, il s’agira de s’appuyer sur des voix situées remises en contexte, et sur leurs productions : le sous-thème a pour objectif d’élaborer une topographie des lieux de culture qui, espérons-le, prendra la forme de carte-objet, de visualisation matérielle de la recherche menée à bien à partir de représentations modélisées des quêtes de pouvoir, des temps les plus lointains au présent le plus immédiat. Les membres du thème analyseront et dégageront les processus les plus saillants, les acteurs majeurs, les outils les plus productifs du moment. L’approche micro s’imposera à travers l’étude des élites et des cénacles4, qui illustreront le présent par le passé : un blog de vulgarisation scientifique et de diffusion de la recherche pourra ainsi mettre en lumière les liens entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle hispaniques, dans leur rapport entre eux, mais aussi avec l’actualité.

 

1 Christian Jacob, Qu’est-ce qu’un lieu de savoir, 2014.

2 Rosa María Rodríguez Magda, El modelo Frankeinstein. De la diferencia a la cultura post. Madrid, Tecnos, 1997. Rosa María Rodríguez Magda, Transmodernidad, Barcelona, Anthropos, 2004.

3 René Cecena, Espacio, lugar y mundo. El fundamento topológico de la modernidad y los orígenes de la mundialización. (Prefacio e Introducción), 2012

4 Juan Luis Castellano, Jean-Pierre Dedieu, Réseaux, familles et pouvoir dans le monde ibérique à la fin de l’Ancien Régime, Paris, CNRS Editions, 1998. Laurent Dornel, Des Pyrénées à la Pampa : une histoire de l’émigration d’élites (XIXe-XX siècles), Pau, UPPA, 2012. Enrique Martinez Ruiz (ed.), Vínculos y sociabilidades en España e Iberoamérica : siglos XVI-XX, Ediciones Puertollano, 2005, José Luis Molina, El análisis de redes sociales. Una introducción, Barcelona, 2001. REDES-Revista hispana para el análisis de redes sociales. La Fabrique des Migrations et des Savoirs Associés: Mobilités, Espaces Productifs et Generations. (2010-2013). (ANR). Agence Nationale de la Recherche (France). Centro de Estudios Mexicanos y Centroamericanos.