Thème 1

Cartographie des lieux de pouvoir et de savoir (Ca.Li.P.Sa)

 

Resp.: Amaia Arizaleta et José Contel

Les membres du thème 1 se proposent de reconsidérer la notion de cartographie(s) culturelle(s), à la lumière de leurs recherches et travaux confirmés. Ils interrogeront les processus de configuration des groupes humains, de délimitations, de constructions identitaires, culturelles, techniques, économiques et épistémologiques. Ces processus présupposent et/ou posent des lignes spatiotemporelles à une aire culturelle, à un segment chronologique, à la définition d’un concept laissant apparaître une cartographie qu’une approche renouvelée désignera comme « nouvelle ». Que les recherches portent sur les mondes précolombiens et leurs survivances à l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui, sur le Moyen Âge ibérique, le XVIIIe siècle et la période contemporaine, les membres du thème 1 ont déjà mis en place des dispositifs solides de questionnement qu’ils sont en mesure de pousser plus avant. Parce que le spectre de compétences est large, le cadre conceptuel l’est tout autant; l’interdisciplinarité est ici consubstantielle et motrice. Durée, temps, chronologie inscrivent la généalogie, les héritages et le patrimoine au cœur des processus. 

Chaînes discursives et formes mémorielles
Cartes, écrits, icônes, idéogrammes, images de toutes provenances seront traitées dans une approche sémiologique ou sémiotique au sens large : déjà en soi, le support fait sens. Les savoirs seront ainsi localisés, et leur construction, matérialisée, objectivée, inscrite dans une circulation sociale, dans une approche dynamique et un cadre spatial et social. Les formes mémorielles seront dans cette présence nécessaire du passé dans la même perspective analytique permettant la prise en compte et le dépassement. Avec « cartographies culturelles, lieux de savoirs et de pouvoirs », l’accent sera mis sur l’obtention de produits de la représentation de l’imaginaire ou du réel. L’étude des émergences de formes diverses de la culture lettrée sera l’occasion de situer dans l’espace ibérique et ibéro-américain les figures des personnages chargés de l’écrire, clergé séculier et régulier, « philosophes », « ilustrados », libérateurs, « caudillos », « arbitristas », desterrados, entrepreneurs, militaires, voyageurs, émigrés, exilés, etc. Chaque fois, il s’agira de s’appuyer sur des voix situées remises en contexte, et sur leurs productions : nous avons pour objectif d’élaborer une topographie des lieux de culture qui prendra la forme de carte-objet, de visualisation matérielle de la recherche menée à bien à partir de représentations modélisées des quêtes de pouvoir, des temps les plus lointains au présent le plus immédiat.
 
Chaînes signifiantes de l'Amérique (pré)hispanique
La question de la re-définition nécessaire d’une (de la) cartographie pour certaines aires culturelles telle que la Mésoamérique est posée. Ce concept inventé par Paul Kirchhoff doit continuer à être amendé. Ceci doit à terme déboucher sur une réflexion sur une nouvelle cartographie culturelle de l’Amérique hispanique et préhispanique, voire de l’Amérique en général. Une question cruciale, intimement liée à la précédente est celle de l'historicité du passé indigène. En un mot, le monde amérindien aurait- il attendu l'arrivée des Européens pour entrer dans l'Histoire ? Pour chaque société, ses propres temporalités, ses propres régimes d’historicités. Ces chaînes signifiantes soulèvent des questions sur la notion de patrimoine, d’héritages, de continuum, survivances, syncrétismes et constructions identitaires. Les notions de branchements, ou encore de « logiques métisses », inventées par Amselle invitent à reconsidérer la façon dont on analyse le devenir des groupes indigènes entrés en contact avec la civilisation occidentale. Plutôt que de voir l’étape historique de la conquête et colonisation seulement comme un épisode de destruction, les cultures seront appréhendées comme « le produit d’un branchement, d’une dérivation opérée à partir d’un réseau de signifiants plus large qu’elle ». Ces notions nous serviront à re-penser les phénomènes de définition et auto-définitions identitaires et de reconstituer l’image des différents groupes sociaux de l’Amérique espagnole, en partant des discours des intéressés et en mettant l’accent sur la « plasticité » des cultures et des identités.

Mots-clés : Cultures / Savoirs / Pouvoirs / Textes / Héritages et patrimoines