In memoriam - Renaud Cazalbou

Publié le 1 juillet 2022 Mis à jour le 4 juillet 2022
Ruban noir
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de notre ami et collègue Renaud Cazalbou, survenu au matin du 8 juin dernier. Les marques de sympathie se sont dès lors multipliées, venant d’amis, de collègues ou encore d’étudiants. Nous tenons à notre tour à lui rendre un dernier hommage depuis le CEIIBA.

Unique linguiste de notre équipe de recherche, Renaud en a été l’un des fondateurs. Dans un premier temps membre du LEMSO (Littérature Espagnole du Siècle d’Or), Renaud a, dès 2005, participé activement à la création de l’IRIEC (Institut de Recherche Intersites en Études Culturelles), une équipe qui réunissait des collègues hispanistes, américanistes et lusistes toulousains et montpelliérains, désireux de travailler en synergie sur le périmètre de la 14e section du CNU, dite des Langues romanes. C’était un pari courageux et un peu fou, ce qui ne devait pas déplaire à ce vaillant défenseur de la liberté de pensée, au naturel téméraire et engagé. Renaud a ensuite fait partie de toutes les aventures qui ont conduit en 2015 à la labellisation CEIIBA (Centre d’Études Ibériques et Ibéro-Américaines), pour finalement y faire émerger un axe de recherche consacré à la « romanité », dont il a jusqu’à une époque récente assumé la responsabilité.

Élève de la prestigieuse École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et admis au concours de l’Agrégation externe d’Espagnol en 1991, cet amoureux des langues latines n’a eu de cesse de s’interroger sur leur évolution et les phénomènes qui leur sont liés. Son brillant parcours s’est poursuivi à l’université Paris IV - Sorbonne où il a entrepris des travaux de recherche dans le domaine de la linguistique hispanique sous la direction de M. le Professeur Jean-Claude Chevalier. À l’Institut d’Études Hispaniques de la rue Gay-Lussac, Renaud a obtenu en 1993 un DEA de Linguistique, et a soutenu en 1998 un Doctorat nouveau régime intitulé : Structures de répétition et mécanismes répressifs du discours démonologique (France/Espagne – XIIe-XVIIIe siècles), couronné de la plus haute mention. ATER à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux III puis à l’Université de Toulouse-le Mirail, Renaud a ensuite été recruté comme Maître de Conférences au Département d’Études Hispaniques et Hispano-américaines de Toulouse en 1999, où il a toujours œuvré en faveur de l’éducation. Il avait, chevillée au corps, la conviction que l’enseignement public pouvait offrir une chance à toutes et à tous. Enseignant de la première année de Licence jusqu'à la préparation à l’Agrégation, il employait toute son énergie à transmettre les connaissances, à éveiller les curiosités, à bousculer les convictions. Comme linguiste, il avait l’art de rendre simple et passionnant les sujets les plus arides. Il avait cette capacité de savoir parler de tout à n’importe qui, de pouvoir à la fois aborder des thèmes très classiques avec la plus grande simplicité et anoblir les objets en apparence subalternes, ou du moins non canoniques. En témoignent son édition critique de l’ouvrage de Juan Andrés Histoire Générale de Sciences et de la Littérature, menée en collaboration avec Sylvie Baulo et Javier Pérez Bazo et qui leur valut le VIII Premio Juan Andrés de Ensayo e Investigación en Ciencias Humanas, mais aussi ses travaux sur l’humour ou la bande dessinée.

C'est un collègue et un ami à la personnalité généreuse, sensible et rigoureuse qui nous quitte. Un amoureux des mots, amateur de jeux d’esprit et de calembours, qui prenait plaisir à fredonner, à l’occasion, une chanson de Boby Lapointe. Un homme de conviction, sans artifices, un homme de « chez nous », au caractère forgé dans le respect des valeurs du rugby : intégrité, passion, solidarité, discipline et respect. Un homme de combat qui, derrière ses airs bourrus et ses coups de gueule, cachait un grand cœur.

Nos pensées vont tout naturellement à Sylvie Baulo, sa compagne de toujours, amie et collègue de longue date, également membre du CEIIBA. Nous n'oublions pas Madeleine et Sidonie, leurs filles adorées, pour qui Renaud était un formidable père.

La vie est cruelle et le vide qu’il laisse ne pourra pas être comblé, mais cette voix de stentor qui s'est éteinte résonnera encore longtemps entre nos murs et dans nos cœurs.
 
Les amis et collègues de Renaud